lundi 24 mars 2008

LA 1ERE ECRITURE CHINOISE. 話說甲骨文 YA WEN HSU ARTISTE CALLIGRAPHE.

JIA GU WEN甲骨文est un ensemble d’inscription sur les écailles de tortue et sur les os (les omoplates ou les clavicules des bêtes) que l’on a découvert en Chine au tout début du 20ème siècle. Il est le premier témoignage historique de l’écriture chinoise. Son origine remonte au moins 1300 ans avant notre ère. Avant cette écriture il existe quelques rares signes que l’on peut les trouver sur la poterie néolithique ou des peintures rupestres. Mais ce ne sont que des signes isolés et loin d’être un système cohérent. Il faut attendre l’apparition de JIA GU WEN pour une vraie écriture logique, organisée et mûre, capable de rendre compte des pensées et de la langue. Elle est considérée comme la base de l’écriture chinoise actuelle, malgré l’évolution du style et de la forme qui l’a éloigné de sa morphologie d’origine.

JIA 甲 = écaille et carapace de tortue
GU 骨 = os, omoplate ou clavicule d’animaux
WEN 文 = dessin, écriture

La plupart de ces écailles et de ces os gravés sont mis à jour sur le site du district Anyang de la province Henang où se trouvent le vestiges du règne du souverain Wu Ding 武丁 (-1250 ~ -1192) de la dynastie Shang商. Cette région se situe au bassin du Fleuve Jaune黃河, le berceau de la civilisation chinoise.



Le contenu de cette écriture se limite tout au tour du sujet divinatoire qui touche les domaines comme l’astrologie, la géologie, la météorologie, la nomination des postes, l’agriculture, la médecine, et bien entendu la religion. Par exemple :
« Arrivera-t-il un sinistre dans dix jours ? »
« Pleura-t-il le ciel ? » (traduction directe)
« Aurons-nous une belle récolte cette année ? »
« Gagnera-t-on la guerre ? »
« A quels Dieux devons-nous porter l’offrande ? »



Il faut noter que le peuple Shang vénère les dieux et les mannes avec une précaution méticuleuse. La classe dirigeante n’effectue pas le moindre acte sans consultation divinatoire. De l’acte important comme la guerre jusqu’à l’acte du quotidien comme la naissance, la maladie, même les rêves n’échappent pas à ce processus.
Au niveau de la préparation du matériel divinatoire, on perce préalablement quelques petits trous sur l’écaille ou l’os destiné à cet acte. Puis, on le porte sur une source de chaleur pour chauffer. Grâce à cette dernière, la pièce craque. L’acte de rendre un augure n’est que celui de rendre des craquelures Bu卜. Ces dernières sont appelées Zhao兆, qui signifie les signes divins, les augures. Le devin lit le Zhao et l’interprète. Ensuite, on grave l’interprétation sur la pièce utilisée




La légende raconte le début de la découverte de JIA GU WEN par un paysan nommé Li Cheng李成. En 1898, Li Cheng ramasse de temps en temps les écailles ou les os couverts de signes, comme certains de ses confrères, et les vend aux pharmacies traditionnelles comme un médicament précieux appelé Long Gu龍骨 « os de dragon ». Dans ce réseau de commerce pharmaceutique, certains protagonistes avaient enlevé les signes gravés des pièces. Leur acte était, semble-t-il, pour rendre ces os-là plus authentiques au médicament imaginé. Nous pouvons donc aujourd’hui évaluer la perte de milliers (millions) de ces documents précieux !
A la même période, le linguiste Wang Yi Rong王懿榮 continue ses recherches sur cette écriture, justement grâce aux médicaments Long Gu achetés par son intendant quand il a été malade.
Entre 1928 et 1937, le sinologue Dong Zuo Bin董作賓 mène une mission archéologique importante. Il a fait au total 15 fouilles de grande envergure. L’équipe a pu déterrer 24900 pièces gravées de l’écriture. Le nombre des pièces de la collection du monde entier s’élève à 150 000 pièces. Un tiers de ces documents a été déchiffré, tandis que le restant garde toujours son énigme.
On a répertorié environs 4500 caractères de ces documents archaïques. Ils sont classés dans les différentes catégories de méthode* de construction de caractères chinois :
1) Xiang Xin 象形 = pictogramme : c’est la représentation pictographique de l’objet.
2) Zhi Shi 指事 : l’indication d’événement, de fait, d’un état ou d’une action.
3) Hue Yi 會意 = idéogramme : c’est l’agrégat logique. En juxtaposant les deux pictogrammes, le caractère donne un sens.
4) Xing Sheng 形聲= forme – son : combinaison d’éléments figuratif et phonétique.
5) Jia Jie 假借 : faux emprunt.
Quelques exemples pour aider à comprendre ce qu’est un pictogramme ou un idéogramme ou autres.


Xiang Xin 象形
-人 l’homme en profil=homme
-日 un point au milieu d’un cercle=soleil




Zhi Shi 指事
-上 un trait au-dessus d’un support=dessus
-下 un trait au-dessous d’un support=dessous




Hue Yi 會意
-臽 un homme creuse un trou pour piéger un animal=piéger ; faire tomber
-采 une main cueille les jeunes feuilles d’un buisson=cueillir

Xing Sheng形聲
-草 Ici on voit l’idéogramme de l’herbe mais accompagné de l’élément phonétique Zao (matin), et il se prononce actuellement Cao=herbe



Jia Jie假借
-自 Originellement le pictogramme représentait le nez. Au fil du temps, il est emprunté pour dire soi-même=soi
-不 Le pictogramme représentait l’état d’une graine germée. On l’a emprunté comme la négation=non ; ne…pas

*Cette méthode n’était pas, bien entendu, connue par l’homme de JIA GU WEN. Elle a été une invention de chercheurs au fil du temps pour faciliter leur travail. Son nom Liu Shu 六書 signifie les Six Méthodes d’Ecriture. Nous avons mentionné ci-dessus les cinq premières méthodes. La dernière sera Zhuan Zhu轉注, le transfert de signification. Il faudrait que l’écriture soit suffisamment évoluée pour déclancher l’usage de ce genre. Liu Shu fera l’objet du prochain article sur l’écriture chinoise dans mon blog.